Les différents types de substrats
Pour être méthanisable, un substrat doit être riche en matière organique biodégradable, en dehors des matières ligneuses (bois) et ne pas comporter d’éléments perturbateurs de la digestion (indésirables, inhibiteurs…).
Les effluents d’élevage
Les effluents d’élevages comprennent les déjections animales avec ou sans litière : fumiers et lisiers de ruminants, lisiers de porcs, volailles et autres fumiers.. Ils représentent un gisement important de ressources méthanisables, notamment dans nos deux régions d’élevage que sont la Bretagne et les Pays de la Loire :
- En Bretagne, le gisement est estimé* à 10,4 millions de tonnes de fumier et 15,4 millions de tonnes de lisier par an.
- En Pays de la Loire, le gisement est estimé* à 13 millions de tonnes de fumier et 9 millions de tonnes de lisier par an.
* Estimations réalisées lors de l’élaboration des schémas régionaux de la biomasse (données issues du recensement agricole de 2010). Les données sont en cours de mise à jour.
Avantages
Ce sont des gisements intéressants en méthanisation : leur coût est nul (dans le cas d’un projet intégré à l’exploitation agricole) à faible (coût du transport) et ils sont disponibles sur une grande partie du territoire. Les déjections de ruminants ont aussi l’avantage d’apporter à la ration des bactéries méthanogènes. Ils apportent également un pouvoir tampon intéressant pour la stabilité de la biologie. Les lisiers ont aussi l’avantage d’apporter de l’eau, ils peuvent être un bon intrant pour diluer une ration trop sèche.
La méthanisation des effluents d’élevage est un bon levier pour réduire les émissions de GES liés au stockage et à l’épandage : en effet, en absence de méthanisation, les effluents sont stockés la plupart du temps à l’air libre et émettent du CH4 et du CO2. En les méthanisant rapidement après leur production, on évite la dissipation de ces gaz vers l’atmosphère.
Inconvénients- Points de vigilance
Les lisiers, principalement constitués d’eau, ont un potentiel méthanogène faible et ne peuvent donc pas être transportés sur une grande distance (quelques km tout au plus).
Les fumiers ont un potentiel méthanogène variable en fonction de leur teneur en matière sèche, mais aussi du temps de stockage : des essais de l’APESA ont montrés que certains fumiers pouvaient perdre jusque 1% de leur potentiel méthanogène par jour, si ils sont stockés l’air libre (source : Rapport d’étude SAM, ADEME, 2023)
Il faut donc veiller à :
- Incorporer les déjections animales le plus rapidement possible après leur production
- Stocker les fumiers à l’abri de l’air
- Couvrir les fosses de stockage des lisiers
Composition des principales déjections méthanisables
%MS(sur brut) | Potentiel CH4 (m3 CH4/ Tonne Matière Brute) | ||
Vache laitière | Fumier mou à compact de raclage | [11,9 – 22,7] | [31,6 – 44,6] |
Vache laitière | Lisier stocké en fosse | [4,7 – 13,3] | [3,5 – 25,9] |
Vache allaitante | Fumier de litière accumulée | [16,4 – 27,6] | [20,7 – 54,3] |
Porcs charcutier | Lisier stocké en fosse | [1,5 – 7,1] | [2,2 – 22,6] |
Porcs charcutier | Lisier frais | [10,9-13,1] | [24,8 – 41,2] |
Poulet de chair | Fumier (sol béton + paille) | [40,2- 74,7] | [91,0 – 177,2] |
Canard | Lisier stocké en fosse | [3,8 – 5,9] | [10,5 – 19,4] |
Données issues de la base ABILE de l’IFIP
Autre inconvénient : les déjections des animaux pâturants sont saisonnières dans l’année. Absentes une partie de l’année lorsque les animaux sont au pâturage, la ration doit intégrer cette saisonnalité et adapter la ration pendant cette période.
Préfosse | Stockage de fumier |
Les CIVE
- Ressources disponibles
- Fiche Synthèse des visites d’essai CIVE d’hiver VALOCIVE1,18 Mo
- Guide de réussite des CIVE en Pays de la Loire 5,09 Mo
- Centre de ressources sur les CIVE réalisé par la Chambre d’Agriculture
- Les clés pour optimiser la conduite des CIVE – RECITAL5,41 Mo
- Les clés pour optimiser la conduite des CIVE – Grand Ouest – RECITAL3,34 Mo
- Quelle place pour le maïs en CIVE d’été ? – RECITAL13,81 Mo
Les biodéchets
Définition
D’après le code de l’environnement (inclure le lien vers https://www.ecologie.gouv.fr/biodechets), les biodéchets sont (mettre en italique) « les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires ». Ils sont produits dans les logements, les commerces et les installations industrielles, au contraire des co-produits agricoles disponibles dans les fermes.
Valorisation en méthanisation
La valorisation en méthanisation intervient dans les briques “recyclage” et “valorisation énergétique” de la hiérarchie des usages. Avant cette valorisation, il est crucial que les actions ciblées sur la prévention via la lutte contre le gaspillage alimentaire soient prioritaires avant toute valorisation ultérieure.
L’incorporation des biodéchets en méthanisation présente un double intérêt, en plus d’éviter l’incinération ou l’enfouissement. Au-delà de la valorisation énergétique en biogaz, il s’agit surtout d’un mécanisme d’économie circulaire permettant de ramener au sol dans le digestat une partie des nutriments et du carbone prélevés pour l’alimentation humaine.
Gisements
Les biodéchets présentent une contrainte majeure par rapport aux déchets agricoles : ils sont produits dans des volumes plus petits et plus dispersés, entraînant une logistique de collecte importante pour les rassembler en un lieu de traitement, ainsi qu’une concertation entre les acteurs de la gestion des déchets.
- Pour les biodéchets des ménages, les collectivités ont un rôle majeur à jouer. Les biodéchets peuvent leur permettre de répondre à l’obligation de valorisation matière imposée par la loi AGEC (Anti-Gaspillage et Économie Circulaire) de février 2020 en vue d’atteindre d’ici à 2025 un taux de valorisation de 65 % des déchets municipaux produits.
- Les invendus du commerce et des industries, moins diffus, peuvent contenir une part importante d’inertes (verre, plastique, etc.) provenant des emballages des aliments. Dans ce cas, ils doivent être déconditionnés (inclure le lien https://www.optigede.ademe.fr/tri-desemballage-deconditionnement) pour extraire ces indésirables, ce qui se fait à l’aide d’une machine adaptée. Ces machines produisent une soupe de biodéchets, qui peut par la suite être incorporée en méthanisation.
Réglementation
- Depuis le 1er janvier 2012, les gros producteurs de biodéchets ont l’obligation de trier et de valoriser ces biodéchets dans des filières adaptées (telles que le compostage ou la méthanisation).
- Le 1er janvier 2024 marque la généralisation du tri à la source de biodéchets, à toutes tailles de producteurs, y compris les ménages.
- Les biodéchets sont acceptables sur site de méthanisation à certaines conditions et doivent respecter les réglementations en vigueur :
- ICPE : la réglementation pour les installations classées pour la protection de l’environnement précise que seules les unités respectant la rubrique 2781-2, uniquement sous le régime enregistrement ou autorisation, peuvent accueillir des biodéchets.
- Réglementation sanitaire : la plupart des biodéchets sont classés en tant que sous-produits animaux de catégorie 3. A ce titre, l’accueil sur site et le traitement des biodéchets est encadré et les exploitants doivent en général avoir recours à l’hygiénisation. Les biodéchets peuvent aussi être livrés déjà hygiénisés, ce qui limite les risques et facilite le traitement pour le méthaniseur. Pour plus d’informations sur ce sujet, AILE et UP! ont écrit un guide sur l’hygiénisation.
- Ressources disponibles
- Guide Hygienisation6,81 Mo