Préserver

Les externalités des filières de valorisation de la biomasse sont nombreuses : 

  • le bois énergie contribue à encourager les plantations d’arbre
  • la méthanisation contribue à la gestion raisonnée des effluents d’élevages et des matières fermentescibles des territoires

Préserver la ressource bocagère présente en zone de polyculture-élevage, et plus largement l’arbre hors-forêt (agroforesterie dont le linéaires agricoles, linéaires routiers et dépendances vertes, arboriculture, ripisylves, arbre en ville) est un enjeux des territoires ruraux car c’est une opportunité dans la recherche d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, de continuité trame verte-trame bleue et de maintien, voire d’amélioration directe, des ressources air-eau-sol-biodiversité dans le cas de haies en bon état écologique et gérées durablement (plan de gestion). 

De même la gestion intégrée des déchets fermentescibles (restauration collective, industrie agro-alimentaire, effluents, bords de route, etc…) peut par le développement de la méthanisation territoriale enclencher des pratiques vertueuses (agroécologie, CIVE, gestion des fossés, etc…). 
L’association AILE porte une attention particulière à mettre en synergie la préservation et le développement des ressources sur le plan quantitatif et qualitatif dans le déploiement des filières de valorisation de la biomasse.

Air

Les activités humaines, et notamment celles liées à un territoire mêlant des activités culturales, d’entretien des paysages, de gestion d’effluents ont un impact sur la qualité de l’air:

  • la mobilité des tracteurs et des automoteurs de récoltes où des systèmes de dépollution de plus en plus performants apparaissent sur le marché : particules et Oxydes d’azote (NOx et particules),
  • la combustion des plaquettes de bois (CO et COV, NOx, particules), en particulier à l’air libre ou en foyer ouvert,
  • l’épandage des digestats issus de méthanisation dont l’azote est plus volatile que les effluents bruts (NH4+) 

Il est possible d’en minimiser les impacts par le développement de bonnes pratiques telles que : 

  • l’éco-conduite, l’échange parcellaire, la réflexion sur les itinéraires techniques notamment l’épandage
  • la qualité du bois déchiqueté, la filtration des fumées et réglages,
  • l’enfouissement du digestat et la couverture des fosses de stockage
  • l’incorporation de substrats ligneux adsorbants.

La plantation d’arbres contribue évidemment à améliorer la qualité de l’air et à faire barrière aux pesticides.

Ressources disponibles
Guide Bocag’Air : les alternatives au brûlage à l’air libre1 002,28 Ko
Programme de recherche sur les émissions fugitives de gaz en méthanisation : FELeaks
Site internet du CITEPA
Guide de la filière bois bûche bretonne2,38 Mo
Programme RetD Bocag’air

Eau

Des actions préventives pour le maintien et l’amélioration de la quantité et de la qualité de l’eau (pollutions diffuses, assainissement, eau potable) et dans une logique transversale avec les autres ressources (énergie/air/sol/biodiversité) sont possibles en :

  • Plantant des arbres :
    • 1. autour et dans les parcelles (agroforesteries ou agroforesterie plurielle) pour leur fonction de régulation hydrologique, 
    • 2. dans des dispositifs de traitement tertiaire d’épuration végétalisée.
  • Valorisant les arbres par :
    • 3. l’utilisation de bois frais pour une aggradation des sols et limiter l’érosion : amendement avec les menu-bois broyé (type Brf),
    • 4. l’utilisation de bois sec :
      • 4.a en litière animale (en substitution de la paille qui peut être réorientée en retour au sol direct après la récolte, une autre externalité pourrait être une diversification de l’assolement vers des cultures consommant moins d’intrants), 
      • 4.b en sous couche des tas de fumiers stockés en bout de champ en situation à risque de lixiviation : conditions météorologiques pluvieuses dans des parcelles pentues.
    • 5. Réinterrogeant la gestion des fossés connectés aux cours d’eau :
      • 5.a pour limiter le curage et le dépôts de résidus végétaux en exportant un maximum de matière lors de l’entretien des bords de route (alternative au mulching).
      • 5.b par l’utilisation de bois sec (en action curative) dans des dispositifs innovants d’adsorption (fossés réactifs en aval de parcelles agricoles drainées).

Les pratiques 1 et 2 sont déjà reconnues et menées par l’AFAC-AF (LAssociation Française Arbres Champêtres et Agroforesteries) et FEVE (Fédération des acteurs de l’Epuration VEgétalisée) et méritent d’être largement diffusées.

Des expérimentations ont déjà été menées sur le Brf, sur l’exportation des fauches de bords de routes, mais nécessitent d’être mises en place avec une méthodologie précise et des relevés agronomiques et logistiques/organisationnels sur le long terme.

Ressources disponibles
Guide sur l’épuration végétalisée 3,31 Mo
Vidéo réalisée par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne sur l’initiative collective (école, éco-citoyenneté) réalisée sur le captage du Garo par la municipalité de Pleyber Christ (29).
Programme européen Life Wilwater
ATBVB : Association des techniciens de bassins versants bretons
Adopta : Association pour le Développement Opérationnel et la Promotion des Techniques Alternatives en matière d’eaux pluviales
Feve : Fédération de l’épuration végétalisée

Sol

La conservation et l’amélioration des fonctionnalités du sol, par la couverture des sols et l’apport de matière organique tout en limitant la compaction des sols sont des préoccupations des agriculteurs et des acteurs impliqués dans des territoires actifs pour le développement d’unités de méthanisation et de chaufferie automatiques au bois déchiqueté. Ceux-ci y contribuent notamment par :

– la couverture permanente des sols par l’implantation d’agrocombustibles (agroforesteries, cultures pérennes) ou de CIVE (Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique) qui permettent de stocker du carbone et limiter les émissions de gaz à effet de serre. C’est aussi souvent un point de départ vers la diversification des cultures, des têtes de rotation (chanvre), ou encore d’une réflexion sur la fertilisation.

– l’apport de matière organique par amendement de bois frais, pour une aggradation du sol et limiter l’érosion,

– le développement de pratiques collectives respectueuses du sol, notamment en lien avec les unités de méthanisation : enfouissement matière organique humique, dissociation du transport et de l’épandage (gains envisagés à la fois sur les économies de carburant et le tassement des sols).
Dans ce domaine, de nombreux essais doivent être menés avec des protocoles rigoureux et une analyse des bénéfices (agronomiques notamment) sur le long terme (une ou plusieurs rotations culturales) et expérimentant avec des ateliers d’élevages différents (bovin, porcin, avicole, ovin, caprin, etc…) et sur des espaces agricoles sensibles (bassin algues vertes et littoraux de manière générale) avec une attention particulière portée aux impacts sur la biodiversité souterraine.

Ressources disponibles
UTILBIOMAS : Approche territoriale sur le PNR du Golfe du Morbihan pour une amélioration agronomique durable des sols littoraux88,34 Mo
RITTMO Agroenvironnement : Centre de recherche pour les matières fertlisantes

Biodiversité

Une plantation de haies multi-espèces et de typologie variée, implantée sur plusieur rangs avec un paillage biodégradable (plaquette, broyat ou fine de bois issues des plantations existantes cherchant des débouchés de proximité) pourra accueillir les insectes utiles aux cultures : zone de nourrissage, de refuge, de reproduction. Elle pourra également fournir du bois énergie. De même qu’une ripisylve pourra abriter la faune aquatique et pourra aussi servir à chauffer l’eau d’une piscine ou d’une serre municipale.

L’exportation de l’herbe lors de l’entretien des bords de route contribue à un regain de biodiversité. La fauche tardive n’étant pas compatible (trop ligneux) en méthanisation, l’implantation de CIVE multi-espèces et florales par l’agriculteur pourrait être contractualisée avec les gestionnaires routiers pour qu’ils réalisent des fauches plus précoces et facilement valorisables en énergie.

Préserver la biodiversité aérienne (pollinisateurs, lutte biologique, etc…) et souterraine utiles aux fonctionnalités du sol (champignons, bactéries, verres de terre) est compatible avec les filières bois énergie et méthanisation qui sont des moteurs pour enclencher des pratiques fondées sur la nature. 

De nombreuses actions au stade de réflexion méritent d’être porter au domaine scientifique pour encourager l’économie circulaire et tout en boostant la biodiversité….

Ressources disponibles
Projet R&D Carmen
AFAC-AF

Climat

Au delà de substituer les énergies thermiques fossiles (fioul, gaz) et nucléaire (électricité, même si les indicateurs actuels permettent difficilement de mesurer les impacts réels sur le changement climatique), il est possible d’en limiter leur utilisation (isolation thermique, comportement et éco-conduite). En ce sens la mobilité est enjeu fort du développement des filières de valorisation de la biomasse, et la question de réduire les déplacements se place au coeur des préoccupations des acteurs impliqués. Les circuits courts permettent de limiter le transport responsable en partie des émissions de Gaz à effet de serre à condition qu’une logique de gestion durable combinée à une structuration de filière partagée et concertée entre les acteurs (producteurs/utilisateurs) soit mise en place, et que le facteur économique ne soit pas l’indicateur principal dans le choix des ressources et des procédés de transformation. Développer la notion d’analyses de cycles de vie ?

Les plaquettes de bois issues de la taille des haies bocagères sont en phase de test vers une certification. Lancé en 2019 par le Ministère français de la Transition Écologique et Solidaire le Label Haie devrait assurer une montée en compétence des agriculteurs producteurs de bois (planification, traçabilité) et une rémunération équitable, qui pourra être renforcée par les agences nationales de l’eau, de la biodiversité, qui œuvrent pour une reconnaissance des services écosystémiques (préservation des ressources air/eau/sol/biodiversité) rendus par les systèmes agroforestiers (intra-parcellaires et bocagers). Cette initiative française pourrait être élargie à d’autres pays de l’Union Européenne. Ce label contribuera notamment à limiter les déplacements (1m3=1km parcouru) et intégrer cette ressource dans les plans d’approvisionnements des chaufferies bois pour les chaudières à bois déchiqueté et pour le paillage des plantations de nouveaux arbres (conditionnalité des aides publiques).

La recherche d’autonomie énergétique peut être considérée comme un tremplin vers la recherche d’autonomie dans le système de production (fourragère, protéique, amendement, fertilisation) et ainsi participer à limiter les transports de biomasse (champs, coopérative, exploitation). Le séchage à plat multi-produits, par la valorisation de chaleur issue de cogénération biogaz ou d’une unité de chauffage au bois est un outil à étudier pour répondre aux besoins directs de l’exploitation, voire une piste vers la diversification des activités et des revenus agricoles. Le développement de prestations de séchage pourra aussi permettre de répondre à de nouveaux marchés de proximité : bois énergie, plantes médicinales, semences fourragères, coquilles de moules, etc…

La comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre sur toute la chaîne du biogaz, depuis le transport des matières jusqu’à la méthanisation et à l’usage final en énergie, résulte en une réduction moyenne de 80 % des émissions par rapport à la situation antérieure sans projet de méthanisation. Le contenu carbone du biométhane est ainsi environ 10 fois inférieur à celui du gaz naturel, et comparable aux énergies renouvelables électriques et thermiques. Ceci confirme l’intérêt du développement de la filière française de méthanisation et d’injection au regard des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France.
Plus généralement toute forme de stockage de carbone par la plantation/valorisation des arbres (bois d’œuvre dans le marché de la construction, bois énergie, bois d’emballage) contribue, si une gestion durable est mise en place, à limiter les impacts du changement climatique, réguler les épisodes météorologiques extrêmes (sécheresse, tempête, inondation) et à améliorer le bilan carbone global.

Ressources disponibles
Synthèse étude séchage à plat1,18 Mo
Coat Nerz Breizh : les filières bois énergie territoriales de Bretagne4,90 Mo
MethaLAE 1,44 Mo

Liens utiles