Chaufferie bois déchiqueté : Quel impact sur la qualité de l’air

En Mars dernier, le journal Le Monde, alertait sur “les petites chaufferies au bois et leur impact sur la qualité de l’air”. Cet article, repris par d’autres médias, fait suite à une étude publiée par AirParif.

AirParif a réalisé un suivi, sur un échantillon de 8 “petites” chaufferies collectives  < 500 kW (dont 4 au bois déchiqueté mises en service entre 2008 et 2018 et 4 au granulé) en Ile-de-France. Aucune de ces installations ne comporte de système de filtration. Certaines des installations ont des modes de fonctionnement cycliques avec une alternance fréquente de phases d’arrêt/démarrages. La qualité du combustible sur les chaufferies suivies est également variable.

Les résultats montrent que les émissions atmosphériques des chaufferies fonctionnant au bois déchiqueté ont une variabilité importante, ce qui indique que le fonctionnement des installations a un impact important sur les émissions. 

L’accent est également mis sur le fait que les facteurs d’émissions de particules fines des chaufferies bois déchiquetées suivies sont supérieurs au facteur d’émission utilisé par le CITEPA (voir encadré.) et supérieurs aux facteurs d’émissions des chaufferies plus puissantes ( >50 MW).

Facteur d’émission : de quoi parle t-on ?

Cet indicateur permet de définir les émissions atmosphériques pour chaque polluant considéré. Il est notamment utilisé pour le calcul des inventaires nationaux d’émissions atmosphériques, publiés par le CITEPA.Le facteur d’émission TSP (particules totales), utilisé par le CITEPA  pour les chaufferies      < 20 MW est de 64 g/GJ. C’est une valeur moyenne utilisée pour estimer les émissions nationales du parc de chaufferie actuel, par conséquent certaines installations ont des émissions supérieures et d’autres plus performantes ont des émissions moindres.

Il faut noter que l’obligation de suivi des émissions et de respect de seuils réglementaires n’est imposée qu’aux installations classées ICPE, c’est-à-dire les chaufferies de puissance supérieure à 1 MW. Le recours à une aide Fonds Chaleur n’impose un niveau d’émission des particules à 50 mg/Nm3 (à 6% d’O2) pour les chaudières dès 500kW que depuis 2022. Ainsi la majorité des petites installations en fonctionnement, ne sont pas équipées de système de filtration et en l’absence de contrôle et de sensibilisation sur ce sujet, la conduite et la conception de ces installations n’intègrent pas toujours ces enjeux.

Le projet ACIBIOQA, conduit par l’INERIS en 2024, composé d’une campagne de mesures sur 6 installations (<1,6 MW)  a conclu sur le fait que, sans filtration spécifique (filtre à manche, électrofiltre), il est difficile d’atteindre des niveaux suffisamment bas pour respecter les seuils du Fonds Chaleur. 

Compte tenu des résultats, l’INERIS a proposé une révision du facteur d’émission utilisé par le CITEPA dans les inventaires nationaux de 100 g/GJ pour les chaufferies < 1MW.

Cette étude a également abouti à des recommandations concernant le dimensionnement des chaudières pour réduire leurs cycles de fonctionnement et sur le maintien de la qualité combustible.

Une distinction entre émissions et concentrations à approfondir ?

Le laboratoire CERIC a analysé les données de 89 stations d’analyse de l’air, réparties en France Métropolitaine, sur deux années. Ce travail vise à démontrer la différence entre “émissions” et “concentrations” en polluants atmosphériques. La concentration dans l’air représente ce qui est réellement respiré par la population. Les résultats montrent que si le bois énergie est responsable de 64% des émissions de particules fines (CITEPA, 2025), la part du chauffage au bois dans les concentrations de particules dans l’air est elle inférieure à 22%.

La synthèse de cette expertise est disponible sur :
https://www.laboratoire-ceric.com/chauffage-au-bois-et-qualite-de-lair/

Pour conclure

Les petites chaufferies fonctionnant au bois déchiqueté peuvent être source d’émissions atmosphériques, notamment en l’absence d’équipements de filtration et lorsque la combustion est mal maîtrisée. Des solutions efficaces permettent de limiter ces émissions, au moment de la conception (dimensionnement, filtres) et lors de l’exploitation (formation du personnel, réglages de l’installation, qualité combustible).

A compter de 2026, le Fonds Chaleur impose des critères relatifs au respect des valeurs limites d’émission pour toutes les installations dès 150 kW.

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Retrouvez également les recommandations issus du programme Optiwood.

Sources : 

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